jeudi 11 juillet 2013

Lettre du Collectif toulousain de solidarité féministe avec la Femen Amina Sboui à la Ministre des Droits des femmes



Collectif toulousain de solidarité féministe avec la Femen Amina Sboui :
Collectif Midi-Pyrénées pour les Droits des Femmes
Marche Mondiale des femmes 31
Bagdam Espace lesbien

Maison des associations
81, rue Saint-Roch - BP 74184
31031 Toulouse cedex 4
                                                                            à

Madame Najat Vallaud-Belkacem,
Ministre des Droits des femmes
35, rue Saint-Dominique
75 700 Paris

Toulouse, le 11 juillet 2013

Madame la Ministre,

Le 4 juillet à Toulouse avait lieu un rassemblement devant le consulat de Tunisie pour témoigner de la solidarité des féministes toulousaines et des associations des droits de l’Homme à la femen tunisienne Amina Sboui et exiger sa libération.
La police est intervenue brutalement et une femen toulousaine, Solveig Halloin, a été arrêtée par la police, menottée dans le dos, ceinturée à l’aide d’une chemise de CRS - véritable camisole de force d’un autre siècle -, et conduite au commissariat central. Elle est restée en garde à vue 4 heures pour un acte qualifié par la police et  le procureur « d’exhibition sexuelle ».

Or, son geste était un acte politique. Notre tract d’appel à se rassembler le disait clairement :

« Amina, 19 ans. Elle, toi, moi ou une autre.
Emprisonnée. Privée de sa liberté, de ses droits.
Elle, depuis le 19 mai 2013. En Tunisie.
Elle, toi, moi ou une autre, depuis des millénaires.
Dans la prison domination masculine.
… Amina s’est révoltée, elle a écrit sur la peau de son torse :
« Mon corps m’appartient. Il n’est la source de l’honneur de personne »
Le sort de chaque femme est lié au sort de l’ensemble des femmes.
Free Amina j’écris ton NON
Amina, ma sœur, j’écris ton nom : LIBERTÉ. »

Nous nous adressons à vous, Madame la Ministre des Droits des Femmes, et qui plus est, d’un gouvernement de gauche, pour :

·         nous représenter et défendre la cause des femmes
·         agir et demander fortement la libération d’Amina, prisonnière politique
·         veiller à ce que le geste politique créé par notre amie Solveig Halloin soit sans suites judiciaires.  Elle a été la seule personne interpellée alors que spontanément, suite à cette arrestation, des hommes et des féministes présent.e.s dans le rassemblement se sont dénudé.e.s, témoignant de la plus élémentaire solidarité. Facebook a censuré ces images les qualifiant de « scènes de nudité, pornographie, sollicitations sexuelles ». C’est grotesque. Cette arrestation est une atteinte grave au droit de manifester et à la liberté d’expression politique.
·         veiller à ce qu’une arrestation de ce type ne se reproduise plus. N’est-il pas paradoxal, voire incohérent, de voir dans le même temps une femen française arrêtée et une femen ukrainienne bénéficiant du droit d’asile ? œuvrer à modifier des lois et décrets empreints d’une tradition misogyne, sexiste et conservatrice. Le torse des femmes doit avoir le même droit de cité et de visibilité que celui des hommes.

Un torse de femme porteur d’un message politique est un torse habillé, cela n’a rien à voir avec ces milliers d’images morcelant et marchandisant le corps des femmes en toute impunité dont regorge l’espace public – les rues, les écrans, les kiosques à journaux…
Il est grand temps de dénoncer des actes, tel ce type d’arrestation, qui, sous prétexte de veiller à l’ordre public, ne font que pérenniser les situations d’inégalités et d’injustices que subissent les femmes.

Déjà Molière, il y a plus de trois siècles, mettait ces mots dans la bouche de Tartuffe : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir. »

Soyez à nos côtés, Madame, pour mettre fin et dénoncer toutes ces tartufferies.

Avec nos salutations féministes.

Pour le Collectif de solidarité féministe avec la Femen Amina Sboui,
des femmes de Toulouse parmi lesquelles :

Brigitte Boucheron, Marie-Thérèse Martinelli, Emilie Teyssedre, Françoise Courtiade, Lulu Mira, Rita Pellegrino, Florence Marteau-Dulatier, Sabine Boyer-Giquel, Madeleine Castex, Mama Hammou-Mohammed, Irène Corradin.


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